Vie.
Ma femme, ma mie, mon Amour…
Toi longue plage blonde d’entre mes rêves d’homme…
Les nuits succèdent aux nuits, chaudes et douces, comme un été qui n’en finit pas de s’allonger par-dessous le ciel profond..
Rondeur des nuits, rondeur de toi. Ton ventre. Et dans ton ventre, quelque chose qui bouge.
Tant d’autres nuits par-dessus la vie en dedans toi, ma femme, ma mie, mon Amour…
Ce n’était plus un pressentiment, mais toujours le plaisir et déjà l’émerveillement.
Rondeur de ton ventre, seins marbrés, lourds, apprêtés à celui-là qui grossit, grossit, grossit chaque jour, chaque nuit…
Ton sourire se fige et dans sa crispation, enfle l’instant où tout se bousculera dans un ordre nouveau.
Il vient.
Tu l’aides en souffle court, en corps meurtri aux houles déchaînantes, en larmes perlées quand la vague t’emporte plus rudement, en longs gémissements écartelés, en franches poussées d’écorce tremblée.
Tu l’aides à tout prix, coûte que coûte, vaille que vaille, attentive, douloureuse, soumise et volontaire. Tu l’aides en doigts agrippés aux miens, en ongles plantés dans ma chair parce que la tienne se déchire brusquement, parce qu’il se fraie son passage sans concession, sans permission, parce qu’il le faut, tout simplement…
Ma femme, ma mie, mon Amour…
Toi que ravage la douleur de l’enfantement couleur rouge fleur saignée…
Toi qui suffoques et respires et recommences à lutter…
L’instant s’étire, comme s’il ne devait plus jamais se taire.
Combien de temps la Terre s’arrêtera t-elle de tourner ?
Plus rien n’existe que l’odeur de ton sang, traversée de part en part d’autant d’épées à laminer ton ventre.
Toi ma femme, ma mie, mon Amour…
Toi si Femme en cette éternité brûlante…
Un cri. Le tien.
Entre tes cuisses à peau souillée, la vie s’en vient brusquement, sans égards pour les meurtrissures qu’elle engendre.
Il pleure déjà, quand l’air s’engouffre à vole-poitrine.
Il pleure et tu pleures peut-être aussi, ma femme, ma mie, mon Amour…
Alors j’ai dit « Tao » et la Terre a lentement repris sa rotation.
Au rythme de la Vie.
A Piero - Pour sa femme et son petit garçon.
Romane - 16 Février 2005