Du haut du ciel tombe une fleur que je ne connais pas.
Il avait plu des printemps trempés de cris ébouriffés. Ils avaient percé l’azur, de leurs orages en fulgurances éparpillées. Jaunes crève-nuage. Mauves transperce-paupières. Blancheurs de foudres piquantes. Des trombes sanguines ourlées d’éclats désordonnés.
Des printemps aux fracas aveuglants. Des printemps de guerres étourdissantes à écraser le chant des oiseaux.
L’heure immobile, criblée de tant de coups d’épée, s’était enfoncée dans l’océan jusqu’à descendre au fond de sa gorge, jusqu’à se faire avaler, jusqu’à couler plus bas, lourde de toutes les heures d’avant.
On croit encore que l’océan enlise ses pieds dans l’imperceptible mouvance d’une boue sombre et trouble. Moi, je sais que le grand fond se recouvre des heures muettes tuées par les printemps d’en-haut.
Il avait plu des printemps acérés sur la terre frémissante.
Le ciel s’était refermé brusquement.
Et puis plus rien.
Je le regarde. Il a la fraîcheur de la création. Le soupir d’aise que procure la chair repue après l’amour.
Je t’aime, mon ciel aux chevelures changeantes.
Tombe une fleur que je ne connais pas, depuis tes lèvres d’étoiles lavées.
Tombe une fleur fragile en pétales furtifs, une fleur innocente.
Elle glisse sans hâte, paisible et rayonnante.
Elle fredonne la mémoire d’ailleurs et dans sa mélodie, j’ai reconnu mon nom.
Romane - Mars 2005